23-11-2025 07:45 - Port de N’Diago : Boidiel Ould Houmeid dénonce une planification défaillante
SHEMS MAARIF -
Malgré l’achèvement des travaux il y a près de trois ans, le port de N’Diago reste toujours inopérationnel. L’ancien ministre et notable de la zone, Boidiel Ould Houmeid, pointe du doigt l’absence d’infrastructures essentielles — eau, électricité, route — pourtant indispensables au fonctionnement de l’installation.
Selon lui, ces aménagements auraient dû être réalisés avant ou parallèlement à la construction du port. « Nous avons mis la charrue avant les bœufs », regrette-t-il.
Pour l’ancien membre du gouvernement, cette situation illustre une forme de mauvaise gestion qui ne se limite pas au détournement de fonds publics.
Elle réside aussi, dit-il, dans un manque de rationalité dans les choix budgétaires. Il cite notamment deux exemples : l’itinéraire de la route d’accès et le projet d’alimentation en eau.
Boidiel Ould Houmeid rappelle ainsi que, dès le lancement du projet routier, il avait exprimé des réserves sur le tracé retenu. Celui-ci contourne les principales localités de la commune, compromettant le désenclavement recherché. De plus, le parcours nécessite des ouvrages coûteux pour franchir les cours d’eau, ce qui alourdit fortement la facture.
Résultat : les 42 kilomètres de route, annoncés pour être finalisés en six mois, ne sont toujours pas terminés cinq à six ans après. L’ancien ministre invite les autorités à comparer le coût final à l’estimation initiale, certain que l’écart sera « révélateur ».
L’approvisionnement en eau constitue un second point de critique. Le projet retenu prévoit l’installation d’une usine de dessalement d’eau de mer, d’une capacité de 1 000 à 1 500 m³/jour, financée par un prêt de 500 millions d’ouguiyas.
Pour Boidiel Ould Houmeid, cette option est disproportionnée. Il souligne que le port se situe à moins de cinq kilomètres du fleuve Sénégal, dont les eaux auraient pu être mobilisées à moindre coût. « Un raccordement depuis l’ouvrage de Lemer n’aurait pas dépassé 20 millions d’ouguiyas », affirme-t-il.
L’ancien ministre déplore enfin que les autorités n’aient pas respecté l’esprit de l’Ordonnance 87-289, qui impose la consultation préalable des élus locaux pour tout projet affectant leur circonscription. Une concertation qui, selon lui, aurait permis d’éviter des erreurs coûteuses et la paralysie actuelle d’un port stratégique pour la région.
