23-10-2025 00:00 - Tout les colonialismes sont identiques

Tout les colonialismes sont identiques

Jemal Moctar Ellahi -- Le sionisme, comme le système d'apartheid exercé en Afrique du Sud, sont des mouvements colonialistes européens. Tous les deux sont des nationalismes exclusifs européens, malgré leurs implantations au Moyen-Orient et en Afrique.

Ce sont des formes de nationalisme ethnique. La coopération entre l'État sioniste et l'État afrikaner était exemplaire dans tous les domaines. Israël a copié judicieusement le système d'apartheid pour l'exercer en Palestine occupée. Le sionisme, par contre, a profité d'une assise financière, culturelle et politique partout dans le monde occidental.

Dans son ouvrage, "Le Kuzari" (Kitab al-Khazari) Yehouda Halevi, un Juif andalou du XIe siècle, écrit qu'un roi kazar posa une question à un savant juif : "Si vous aviez le pouvoir militaire, ne deviendriez-vous pas aussi violents que n'importe quel autre peuple ?" Le savant, pris au dépourvu, admet : "Vous avez touché l'œil de mon âme." Cette violence se déchaînera quelques siècles plus tard sur un peuple innocent, en Palestine et dans tout le Moyen-Orient.

Cette logique est inhérente à toute colonisation, mais à des degrés divers, jusqu'à sa forme la plus cruelle, déshumaniser le colonisé.

Cette forme fut exercée dans la traite des esclaves, où les cales des bateaux se remplissaient d'une jeunesse africaine, enchaînée, sans aucune considération humaine. Avant cela et simultanément, il y eut le génocide des Amérindiens par millions, celui des Aborigènes, le génocide des Herero et Nama de Namibie.

Après le génocide des Juifs d'Europe (la Shoah) perpétré par le régime nazi, un serment fut scandé "Plus jamais ça" par les délégations de la toute jeune Organisation des Nations Unies, censée incarner les leçons tirées de l'effondrement moral de l’humanité.

Et pourtant, dans le même souffle où l’on affirmait vouloir tourner la page des barbaries, une autre page fut écrite, à l’encre trouble des puissances. La résolution 181 de l’Assemblée générale de l’ONU, adoptée en 1947, entérina le partage d’une terre, la Palestine, sans le consentement de son peuple, au nom de la réparation d’un drame survenu ailleurs, sur un autre continent.

Ainsi, le cri « plus jamais ça » ne fut pas entendu par tous avec la même intensité. Car il devint pour certains l’occasion d’une renaissance, et pour d'autres, le début d’un déracinement. La Déclaration Balfour, promesse unilatérale faite trente ans plus tôt, trouva là son prolongement : une vision impériale, où la mémoire d’un génocide justifiait, non sans ironie tragique, l’injustice d’une dépossession.

Lord Balfour, un antisémite notoire, qui avait refusé l'immigration de Juifs russes en Angleterre, voulait vider l'Europe de sa population juive.

L'esprit colonial est toujours présent chez la majeure partie des Occidentaux, avec le regain du chauvinisme. Les intervenants sur les chaînes télévisées européennes disent sans complexe, que la colonisation fut un bienfait octroyé généreusement aux peuples indigènes du tiers monde. Cette vision paternaliste et raciste accompagne l'Occident dans son approche de l'autre, à tous ces peuples arriérés que nous sommes à leurs yeux.

Les pratiques de ces expéditions coloniales ont souvent été marquées par des actes de violence grave, d'exploitation et de déshumanisation envers les populations autochtones. L'utilisation d'objectifs extrêmes, comme la collecte de têtes humaines, témoigne de la brutalité et du mépris pour la vie humaine qui caractérisaient certaines de ces entreprises.

Il est essentiel de se souvenir de ces événements pour comprendre les conséquences durables du colonialisme, qui continuent d'influencer les relations internationales et les dynamiques sociopolitiques d'aujourd'hui. De plus, cela souligne l'importance d'aborder l'histoire avec une perspective critique, prenant en compte les voix des victimes et les impacts des actions coloniales sur les cultures et les sociétés

Le discours de Jules Ferry, prononcé à l'Assemblée nationale française en 1885, justifie l'expansion coloniale comme une mission civilisatrice et économique. Ferry argue que la colonisation est nécessaire pour les "races inférieures" et pour la grandeur de la France.

Victor Hugo, figure majeure du romantisme français, dans un discours controversé lors d'une fête juive, défend l'idée que la colonisation européenne "civilise" les peuples colonisés. Il déclara : "Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l'Europe fera de l'Afrique un monde."

Dans son Essai fondateur de la négritude et de l'anticolonialisme, Aimé Césaire dénonce le colonialisme comme un système barbare et génocidaire. Il affirme : "De la colonisation à la civilisation, la distance est infinie".

Le psychiatre et tiermondiste martiniquais Frantz Fanon,qui milita pour la cause du FLN algérien, analyse la violence inhérente au colonialisme et à la décolonisation. Il a écrit : "Le colonialisme n'est pas une machine pensante, ni un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature." Son ouvrage, préfacé par Jean-Paul Sartre, deviendra un manuel pour les mouvements de libération en Afrique et ailleurs.

La résolution 1514 de 1960 de l'Assemblée générale des Nations unies proclame solennellement la nécessité de mettre fin au colonialisme "sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations", insistant sur le caractère irrésistible du processus de libération.

Ceci me fait penser à l'anecdote du patient et du coq : Après plusieurs mois de thérapie intensive, le patient, encouragé par son psychiatre, s'apprête à quitter l'asile psychiatrique. Au moment de franchir la porte de l'hospice, il s'arrête net, la panique l'envahissant. "Docteur, vous avez raison, moi je suis guéri, mais le coq, lui, il ne le sait pas encore."

Devons-nous nous demander si l'Occident a conscience que nous nous sommes affranchis de sa tutelle ? Et le sommes-nous véritablement ? L'Occident continue de nous exploiter par le truchement de nos élites corrompues. Ils ont pour cela plusieurs outils efficaces, dont la Banque mondiale et le FMI.

Jemal Moctar Ellahi



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