21-10-2025 12:33 - Mauritanie: l'État propose une indemnisation aux victimes des violences ethniques du tournant des années 1990

Mauritanie: l'État propose une indemnisation aux victimes des violences ethniques du tournant des années 1990

RFI-Afrique -- Le gouvernement de Nouakchott propose depuis ce week-end de verser plus de 27 milliards d'anciennes ouguiyas (environ 59 millions d'euros) aux ressortissants afro-mauritaniens victimes des exactions qui ont ensanglanté le pays entre 1989 et 1991. Une offre qui suscite des réactions contrastées.

C'est un premier pas vers la reconnaissance des violences contre les ressortissants afro-mauritaniens au tournant des années 1990 en Mauritanie. Ce week-end, le gouvernement de Nouakchott a proposé de leur verser plus de 27,5 milliards d'anciennes ouguiyas (environ 59 millions d'euros) pour les dédommager des souffrances qu'ils ont subies.

Pour les représentants des victimes qui ont négocié cet accord financier avec l'État, il s'agit de l'aboutissement d'un long processus.

« Les négociations ont duré longtemps. Il y a quatre mois, nous avions transmis notre feuille de route avec ses conclusions au président de la République. Nous demandions 35 milliards d'anciennes ouguiyas pour solder le passif humanitaire de l'ensemble des victimes. La réponse du chef de l'État nous a été donnée par le canal de la primature : il en propose un peu plus de 27 milliards. Mais rien n'est définitif : c'est une proposition de l'État que nous devons transmettre aux ayants-droits », déclare ainsi Lo Souleymane, l'un des acteurs des pourparlers.

Du côté des associations de victimes en revanche, beaucoup pointent une approche incomplète du préjudice et ne cachent pas leur indignation. C'est par exemple le cas du Collectif des veuves et orphelins de Mauritanie pour qui la priorité est de faire la lumière sur cette tragédie.

« Tout ce que nous demandons, c'est que justice soit faite et que toute la transparence sur les faits soit établie. L'argent ne nous intéresse pas si la vérité n'est pas dite sur les massacres et si les bourreaux ne sont pas jugés. Il faut qu'il y est une commission d'enquête indépendante pour qu'on sache ce qu'il s'est passé. L'argent ne peut pas remplacer ce qu'ils ont fait, jamais de la vie ! », affirme ainsi Maimouna Alpha Sy, sa présidente.

Avec notre correspondant à Nouakchott, Oumar El Hadj Thiam



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Source : RFI-Afrique
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Commentaires (3)

  • moukhabarat (F) 22/10/2025 21:42 X

    le gouvernement manifeste une grande myopie dans la gestion de ce qu'on appelle le passif humanitaire et par conséquent met à jour toute ses faiblesses institutionnelles: méconnaissance de la complexité ethnique du pays et ses ramifications extra territoriales, un service de renseignement indigent... Je vais m'attarder une minute sur les revendications des toucouleurs (puisqu'il faut appeler les problèmes par leur nom) langues nationales, passif humanitaire etc... toute ces tension sur la vallée sont alimentées par les toucouleurs du Sénégal qui veulent à tout prix maintenir le statu quo sur les terres de la rive droite comme ils l'ont obtenu chez eux. En Mauritanie la législation foncière donne à l'Etat la libre disposition des terres non exploitées tandis qu'au Sénégal les terres sont gérées par les communautés rurales (en majorité toucouleur). Des millions de sénégalais sont ainsi privés d'accès au fleuve Sénégal et l'exception mauritanienne pose un problème existentiel pour les toucouleurs car rien ne justifie leur monopole sur ces terres. En Mauritanie notre gouvernement confond les symptômes avec le mal. A bon entendeur salut!

  • moukhabarat (F) 22/10/2025 11:40 X

    On confond les symptômes avec le mal. Même si vous mettez à leur disposition un imprimante d'ouguiya ce problème ne sera jamais réglé car il est alimenté par notre faiblesse institutionnelle structurelle.

  • tokossel2222 (F) 22/10/2025 09:13 X

    Pas de règlement sans abroger la loi d'amnistie de 1993. Sans abrogation aucun règlement du passif humanitaire n'est possible. Pour solutionner, il faut l'abroger,procéder à la vérité et réconciliation. Devoir de mémoire déplacer la date du 28/11/, justice.