La gabegie est plus forte que l’État, et les plus touchés, ce sont ceux qui en ont besoin , les citoyens. Quand des ressources publiques sont utilisées à des fins privées, c’est l’ensemble de notre système qui se fragilise. Le pire ? Ce cercle vicieux de corruption et d’inaction détruit lentement la confiance qu’on pouvait avoir en nos institutions.

Voilà un vrai sujet en effet : Au-delà de la sociologie de ce corps de contrôle supérieur, c’est d’une caste militaro-administrative qui entretient des relations népotiques et endogamiques pour se perpétuer dont il s’agit. Et avec elle, ses tares. Ce qu’ailleurs on qualifie de "système" semble ici se reproduire tranquillement sous la forme d’un féodalisme des temps modernes. De ce point de vue, les élites politiques et intellectuelles vieillissantes ont montré leurs limites à laisser prospérer subrepticement ces dérives et devraient donc se retirer. Pour de bon. Si bien sûr, elles ont une once de dignité.

L'Inspection Générale d'État est devenue une institution familiale où le pouvoir se transmet de père en fils et entre membres d'une même famille, sans véritable surveillance. Monsieur Haïba, ce phénomène s'étend à toute l'administration ainsi qu'à l'armée et autres corps d'État, où les postes se transmettent systématiquement aux descendants et proches parents. La déception est particulièrement grande concernant l'IGE qui, au lieu de représenter la diversité mauritanienne, abrite désormais les principaux responsables de malversations financières. Comme vous l'avez souligné, cette situation était prévisible, sachant que cette institution familiale ne remplirait pas ses fonctions et privilégierait certains clans. L'administration actuelle sous Ghazouani se révèle être particulièrement défaillante.