15-10-2025 11:51 - L'Editorial du Calame : OuTrop, c’est trop !

L'Editorial du Calame : OuTrop, c’est trop !

Le Calame -- On ne le dira jamais assez. La lutte contre la gabegie, la mauvaise gestion et le détournement des deniers publics est un combat de longue haleine. Il ne suffit pas de la proclamer mais il faut la mettre en œuvre par des mesures fortes. Radicales, s’il le faut.

Le dernier rapport de la Cour des comptes, qui vient d’être mis en ligne sur le site de cette institution – une mesure louable qui a au moins l’avantage de désigner les coupables de malversations à la vindicte populaire, à défaut d’une cour de justice – indique qu’on est loin d’être sortis de l’auberge.

À parcourir le rapport, on ne peut qu’être pris de vertige devant l’ampleur du gâchis. Des milliards volatilisés, des procédures violées au grand jour, des marchés fractionnés pour être attribués sans appel d’offres, des recrutements de complaisance, des comptes ouverts et approvisionnés en violation flagrante de la loi, des créances irrécouvrables par absence de volonté… la liste est longue.

Le moins qu’on puisse dire est qu’en deux ans, les limiers de la Cour des comptes n’ont pas chômé. Ils ont repéré tellement d’irrégularités, là où ils sont passés, qu’ils ne savaient plus où donner de la tête. Et ils ne sont pas passés partout, en plus ! Des institutions qui ne sont pas loin de tout reproche, loin s’en faut, ont échappé à leur contrôle.

En attendant le prochain tour ? On veut bien savoir pourquoi. Quelle suite sera donnée à ce rapport ? Les gestionnaires épinglés vont-ils répondre de leurs actes devant la justice ? Ou exigera-t-on seulement d’eux qu’ils remboursent les montants détournés… avant les maintenir en fonction, comme par le passé ?

Il y a, en tout cas, urgence à frapper fort, pour mettre fin – sinon réduire sensiblement – des pratiques qui rongent le pays. Invité, il y a quelques années, d’une émission de télévision, le contrôleur d’État Ethmane Sid’Ahmed Yessa avait dit, en réponse à une question sur les sanctions à infliger aux auteurs des détournements de deniers publics : « On ne peut quand même pas dupliquer des lois venues d’ailleurs et condamner ces fautifs à la peine de mort. »

Ce à quoi répliqua le célèbre journaliste, feu Amar ould Bouhoubeyni : « En ce cas, nous perdrons beaucoup de nos vaillants hommes. » Mais aujourd’hui, soyons clair : trop, c’est trop ! Il faut agir ! Sans plus tarder !

Ahmed Ould Cheikh



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 885

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 15/10/2025 15:46 X

    Une poignée de familles s’est approprié les richesses du pays, laissant le peuple dans la misère. Ce pays est leur butin.

  • ouldsidialy (H) 15/10/2025 13:52 X

    Les rapports de la cour des comptes ont toujours eu des contenus similaires, en nature des faits , que celui-ci. Leurs conclusions n'ont jamais été secret-défense. La nouveauté, c'est leur diffusion. Que se passe -t-il en Mauritanie?

    1) Une initiative préméditée du gouvernement pour la transparence etc. ? On peut en douter ! une pression incitation de partenaires extérieurs ? c'est possible. La conjonction des négligences locales et du "volontarisme sans penser à mal" externe? c'est plausible !

    2) Le résultat est une perturbation sans conséquence constructive pour le pays. Il n'y a qu'à voir la prise en charge décousue qu'en fait l'opinion. Mais aussi la somme des bêtises dites par les critiques locaux.

    3) En réalité, le rapport de la cour des comptes est une occasion pour les opposants de ne "pas trop en dire", car ce genre de situation révèle les carences critiques. Le rapport est aussi l'occasion pour le gouvernement de ne pas " trop en faire" au sujet d'une transparence qu'il n'est pas en situation d'assumer.

  • Hartaniya Firilile (H) 15/10/2025 12:10 X

    Aucune conséquence ne surviendra ; ils seront même acclamés en héros nationaux. Lorsque le président de la Cour des comptes se permet de défendre les personnes malhonnêtes, que pouvons-nous en déduire ? Pour lui, c'est simple : nous connaissons les coupables, mais il faut leur ménager une échappatoire avant qu'il ne soit trop tard. Est-ce là son message implicite : "En tant que président de la Cour des comptes, je suis complice des malversations passées et présentes, et j'ai dissimulé certains faits pour éviter toute sanction" ? Comme avec l'affaire Aziz, rien ne se produira. Cherchons ailleurs, mais pas ici. Circulez, il n'y a rien à voir.