27-09-2025 11:21 - Note contre le 4ème mandat anticonstitutionnel de M Alassane Ouattara. Du PPACI-MAURITANIE.

En Côte d'Ivoire, la question du nombre de mandats présidentiels est encadrée par la Constitution. L'actuelle Constitution, approuvée par référendum en 2016, stipule à son Article 55 que le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.
La candidature d'Alassane Ouattara en 2020 pour un troisième mandat (ou présentée comme un quatrième si l'on compte le premier mandat de 2010-2015) a été une source majeure de controverse.
Ce discours s'appuie sur les arguments constitutionnels et juridiques avancés par les détracteurs de cette candidature.
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Discours : le quatrième mandat d'Alassane Ouattara : une illégalité et une trahison de la Constitution ivoirienne
Mes chers compatriotes, Ivoiriennes et Ivoiriens,
Nous sommes aujourd'hui réunis pour dénoncer une forfaiture qui menace les fondements mêmes de notre jeune démocratie. L'accession du président Alassane Ouattara à un soi-disant "troisième" mandat, qui est en réalité, selon une lecture honnête de l'histoire, un quatrième mandat, est un acte illégal et anticonstitutionnel. C'est une violation flagrante de l'esprit et de la lettre de la loi fondamentale que notre peuple s'est donnée.
I. L'argument constitutionnel : la limite des mandats est claire et non négociable
La Constitution de la Deuxième République, adoptée en 2000, instaurait déjà la limite de deux mandats. Celle de 2016, que le pouvoir actuel brandit comme un étendard, a été présentée comme une refondation. Pourtant, sur ce principe essentiel de l'alternance, elle est on ne peut plus claire. L'Article 55 est sans équivoque :
"Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n'est rééligible qu'une fois."
Cette disposition est la pierre angulaire de toute démocratie qui se respecte. Elle empêche l'accaparement du pouvoir par un seul homme et garantit l'alternance, gage de renouveau et de stabilité.
Le pouvoir justifie la candidature de 2020 par une interprétation fallacieuse et opportuniste de l'Article 185 de la Constitution de 2016. Cet article dispose que le compteur des mandats est remis à zéro avec l'adoption de la nouvelle Constitution. Selon cette logique, le mandat 2010-2015 et celui de 2015-2020 n'existeraient plus, permettant à M. Ouattara de repartir pour deux nouveaux mandats à partir de 2020.
Cette argumentation est juridiquement fragile et moralement indéfendable.
II. Une manipulation juridique pour un hold-up politique
Cette réinitialisation du compteur n'est pas une clause anodine. C'est une manœuvre taillée sur mesure pour permettre à un homme de se maintenir au pouvoir. Elle trahit plusieurs principes :
1. La Souveraineté du Peuple : Le peuple a voté pour Alassane Ouattara en 2015 pour un deuxième et dernier mandat selon la Constitution de l'époque. Lui permettre de se représenter en 2020 grâce à un artifice juridique constitue une tromperie envers l'électorat. Le mandat qui lui a été confié avait une limite claire, qui a été contournée a posteriori.
2. L'Esprit des Limites de Mandat : L'esprit de la limitation des mandats est d'empêcher l'émergence de présidents à vie. En cumulant les mandats, M. Ouattara s'inscrit dans une dynamique contraire à cet esprit, rejoignant le triste cortège des dirigeants africains qui refusent de quitter le pouvoir.
3. La Paix et la Stabilité : Notre pays porte encore les stigmates des crises passées, nées en grande partie de problèmes de gouvernance, d'élections contestées et de confiscation du pouvoir. Imposer un mandat illégal est une provocation qui menace la cohésion nationale et la paix chèrement acquise. C'est jouer avec le feu en rappelant les heures les plus sombres de notre histoire.
III. Un quatrième mandat en réalité
Il est crucial de rappeler la chronologie pour comprendre l'ampleur de la supercherie :
· Premier mandat : 2010-2015 (élection de 2010, reportée à 2011 en raison de la crise post-électorale).
· Deuxième mandat : 2015-2020.
· Candidature pour un "nouveau premier mandat" en 2020 selon la nouvelle Constitution.
En faisant abstraction de la nouvelle Constitution, il est évident que la candidature de 2020 visait un troisième mandat consécutif. Si l'on considère que le mandat 2010-2015 était déjà son premier (suivi d'un deuxième de 2015-2020), alors 2020 marque bien le début d'un quatrième mandat. Dans les deux cas, c'est une entorse grave au principe d'alternance.
Conclusion : un appel à la résistance pacifique et à la raison
Mes chers compatriotes,
Le combat que nous menons aujourd'hui n'est pas un combat partisan contre un homme. C'est un combat pour l'État de droit, pour le respect de notre Constitution, et pour l'avenir démocratique de la Côte d'Ivoire.
Nous appelons :
1. La communauté juridique ivoirienne à se lever pour défendre l'intégrité du droit, au-delà des pressions politiques.
2. La communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur cette dérive anticonstitutionnelle et à condamner clairement ce qui s'apparente à une confiscation du pouvoir.
3. Le peuple ivoirien à prendre conscience du danger. Notre silence aujourd'hui sera le ciment de la dictature de demain. Nous devons résister par tous les moyens pacifiques : la parole, l'écrit, la mobilisation citoyenne.
L'histoire jugera sévèrement ceux qui, pour leur ambition personnelle, piétinent la loi fondamentale et mettent en péril la paix de tout un peuple. Refusons ce quatrième mandat illégal. Exigeons le strict respect de la Constitution. Œuvrons pour une Côte d'Ivoire où le pouvoir se gagne et se perd dans les urnes, dans le respect des lois, et où l'alternance n'est pas un vain mot.
Vive la Côte d'Ivoire ! Vive l'État de droit !
Cordialement Gustave Konan
Représentant PPACI MAURITANIE.