21-11-2025 00:45 - « La réconciliation n’est pas un slogan : elle est un impératif politique, un devoir intellectuel…»

« La réconciliation n’est pas un slogan : elle est un impératif politique, un devoir intellectuel…»

SENALIOUNE - Ce que j’ai fini par comprendre, au regard de notre trajectoire nationale et des fractures qui la traversent, c’est que la Mauritanie a aujourd’hui un besoin impérieux de femmes et d’hommes courageux, issus de toutes les sensibilités, capables de dire non à la surenchère politique et oui au dialogue constructif, non aux rhétoriques de haine et oui à une vision réconciliée de la communauté nationale.

Cette exigence n’a rien d’une « langue de bois » ; elle relève d’une lucidité historique et d’une éthique de responsabilité que nos élites ne peuvent plus éluder. Dans cet engagement, j’ai toujours assumé mes positions politiques avec conviction et discernement, conscient qu’aucun individu ne peut prétendre détenir, à lui seul, la vérité. 

Cette humilité et cette fidélité au principe du dialogue sont au cœur de ma démarche politique, comme l’incarnait si magnifiquement notre regretté président Kane Hamidou Baba, homme de paix, ardent défenseur de la concertation permanente et du vivre-ensemble.

Et pourtant, que dire dans un pays où certains s’enferment dans un esprit revanchard, où d’autres s’obstinent à empêcher les bonnes volontés de bâtir un climat de confiance, et où des extrémismes nourris par la peur et la méfiance continuent de disséminer le poison de la division ? Comment espérer un avenir commun lorsque, au sein même des rouages de l’État, persistent des forces qui rejettent le rassemblement et s’emploient à saboter les initiatives d’unité nationale ?

Malgré ces résistances, une vérité demeure, évidente et profonde : les Mauritaniens veulent se parler, ils veulent se comprendre, se réconcilier, et construire un avenir où la justice, l’égalité et la dignité ne seront plus des revendications, mais des réalités vécues. Ils savent que la seule issue à l’impasse historique qui nous mine depuis trop longtemps passe par un dialogue national authentique, sincère et inclusif.

La réconciliation n’est pas un slogan : elle est un impératif politique, un devoir intellectuel, et un héritage moral que nous devons à ceux comme Kane Hamidou Baba qui ont consacré leur vie à ouvrir des chemins de paix. Elle requiert le courage de dépasser les rancœurs, d’affronter les vérités difficiles, mais aussi de tendre la main, même lorsque les blessures demeurent sensibles.

En définitive, l’avenir de la Mauritanie dépendra de notre capacité à poursuivre cette œuvre de rassemblement, à faire vivre la vision des hommes de paix, et à réaffirmer, avec constance et détermination, que l’unité nationale n’est jamais acquise : elle se construit, se cultive et se défend ensemble.

20/11/2025

Mamadou Moustapha Bâ





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Source : Senalioune
Commentaires : 1
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Commentaires (1)

  • Hartaniya Firilile (H) 21/11/2025 08:45 X

    Monsieur Bâ, vous évoquez la réconciliation, ce qui est effectivement une noble ambition. Cependant, il convient de s'interroger sur les partenaires et les bénéficiaires de cette démarche. Un dialogue nécessite deux interlocuteurs, comme le suggère l'adage qu'un bracelet solitaire ne produit pas de son. Les acteurs essentiels à cette réconciliation sont actuellement absents de la scène politique nationale, et leur mission s'érode progressivement. Je considère que cette absence d'initiatives concrètes vers la réconciliation constitue un instrument délibéré de division politique, permettant de fragmenter pour mieux gouverner. Les administrations successives ont entretenu cette ambiguïté afin de s'assurer des électorats communautaires et de présenter la défense d'intérêts ethniques comme une nécessité. Tous les régimes ont exploité cette faiblesse nationale pour perpétuer les divisions et la ségrégation. Par conséquent, Monsieur Bâ, nos compatriotes mauritaniens ne sont pas disposés à dialoguer avec nos dirigeants actuels, notamment ce ministre de l'Intérieur qui manifeste une aversion envers les personnes noires et perçoit la noirceur comme un fléau. La réconciliation n'est donc pas une perspective immédiate.