02-09-2025 11:11 - Israël commet officiellement «un génocide» à Gaza, selon une association regroupant 500 spécialistes du sujet

RFI -
L'Association internationale des chercheurs du génocide, le principal organe sur le sujet qui regroupe ses plus grands spécialistes, a adopté lundi 1er septembre une résolution affirmant que les actions d’Israël à Gaza ont rempli tous les critères juridiques permettant de déterminer un génocide. L’État hébreu a réagi en qualifiant de honteuse la déclaration de l’association, qui a pris comme critères ceux utilisés pour juger la Shoah.
« Les politiques et les actions d'Israël à Gaza répondent à la définition juridique du génocide telle qu'elle figure à l'article II de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) », dit la résolution soutenue par 86 % des votants de l'Association internationale des chercheurs du génocide (IAGS).
L'IAGS est la plus grande association professionnelle au monde de spécialistes des génocides et comprend un certain nombre d'experts de la Shoah. Elle compte 500 membres.
« Il s'agit d'une déclaration définitive des experts dans le domaine des études sur le génocide, selon laquelle ce qui se passe actuellement à Gaza est un génocide », a déclaré à Reuters la présidente de l'association, Melanie O'Brien, professeure de droit international spécialisée dans le génocide à l'Université d'Australie-Occidentale.
Dans un résumé des politiques et des actions israéliennes, la déclaration pointe les attaques généralisées contre le personnel et les installations nécessaires à la survie, notamment dans les secteurs des soins de santé, de l'aide et de l'éducation. Parmi de nombreux autres éléments, elle fait état des 50 000 enfants tués ou blessés par Israël, comme le souligne l'Unicef. Car tout cela a un impact sur la capacité des Palestiniens de Gaza à survivre en tant que groupe et à se régénérer.
La résolution souligne également le soutien des dirigeants israéliens à l'expulsion forcée de tous les Palestiniens de Gaza, ainsi que la démolition quasi-totale par Israël des habitations dans le territoire.
L'IAGS note les déclarations des dirigeants israéliens déshumanisant les Palestiniens de Gaza, les qualifiant tous d'ennemis, ainsi que les promesses de « raser Gaza » et d'en faire un « enfer ».
La riposte d’Israël n’a pas seulement visé le Hamas, mais tout Gaza, selon l’association
Le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié cette déclaration de honteuse et « entièrement basée sur la campagne de mensonges du Hamas ». Israël a catégoriquement nié dans le passé que ses actions dans la bande de Gaza constituent un génocide et conteste actuellement une plainte pour génocide déposée devant la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye.
Les chercheurs de l'IAGS affirment que si l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 constituait en soi un « crime international », la riposte d'Israël n'a pas seulement visé le Hamas, mais toute la population de Gaza.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, adoptée pour prévenir que les crimes commis par l’Allemagne nazie ne se reproduisent plus jamais, définit le génocide comme des actes commis « dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
Les actes constitutifs de génocide comprennent le meurtre de membres du groupe, les atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ou le transfert forcé d'enfants vers d'autres groupes.
Plusieurs organisations de défense des droits humains de premier plan, dont deux organisations israéliennes, ont également déclaré qu'elles estimaient qu'Israël commettait un génocide.
Appel à « cesser immédiatement tous les actes qui constituent un génocide »
« Cette position scientifique prestigieuse renforce les preuves documentées et les faits présentés devant les tribunaux internationaux », a déclaré Ismaïl al-Thawabta, directeur du bureau de presse du Hamas à Gaza. La résolution « impose à la communauté internationale l'obligation légale et morale de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à ces crimes, protéger les civils et demander des comptes aux dirigeants de l'occupation », a-t-il ajouté.
La résolution de trois pages appelle Israël à « cesser immédiatement tous les actes qui constituent un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à l'encontre des Palestiniens à Gaza, y compris les attaques délibérées et les meurtres de civils, y compris des enfants ; la famine ; la privation d'aide humanitaire, d'eau, de carburant et d'autres éléments essentiels à la survie de la population ; les violences sexuelles et reproductives ; et le déplacement forcé de la population ».
L'association des spécialistes du génocide a adopté neuf résolutions reconnaissant des épisodes historiques ou en cours comme des génocides depuis sa création en 1994.
L’État hébreu a lancé son offensive sur la bande de Gaza en octobre 2023, en représailles à l'attaque menée par le Hamas contre le territoire israélien depuis l'enclave palestinienne, qui a fait 1 200 morts et plus de 250 otages. Depuis lors, l'offensive militaire d'Israël a tué au moins 63 557 personnes à Gaza, endommagé ou détruit la plupart des bâtiments du territoire et contraint presque tous les habitants à fuir leur foyer au moins une fois.
Par :
RFI avec agences