Shems Maarif - Intervenant lors d’un colloque sur les enjeux de gouvernance en Mauritanie, l’intellectuel et homme politique Didi Ould Saleck a livré une analyse sans détour de la situation nationale, résumant les problèmes majeurs du pays en trois difficultés fondamentales : la gabegie, la crise du système éducatif, et la nécessité de réformes politiques profondes.

Selon lui, la gabegie gangrène l’appareil étatique, affaiblit les institutions et mine la crédibilité des cadres. Il a estimé que l’éducation, pilier fondamental de toute société, reste dans un état critique et doit être érigée en priorité nationale.

Concernant les réformes politiques, Ould Saleck a affirmé qu’elles ne peuvent être efficaces sans l’implication sérieuse et la refondation des partis politiques, qu’il considère comme les vecteurs naturels du changement démocratique.

Dans une déclaration forte, il a insisté sur l’urgence d’inculquer la notion de citoyenneté aux Mauritaniens, afin de dépasser les clivages ethniques, tribaux et régionaux qui freinent, selon lui, l’émergence d’un État moderne.

Critiquant ouvertement la politique sociale de Taazour, il a estimé que la distribution directe d’argent aux citoyens crée une forme de dépendance et encourage la passivité. « Cette approche ne sortira pas les plus démunis de la pauvreté. Elle les enferme plutôt dans l’assistanat », a-t-il dénoncé.

Ould Saleck a également souligné que l’égalité des chances devant la justice et dans l’accès à l’emploi permettrait aux citoyens de se détourner de la logique tribale, souvent perçue comme un refuge en l’absence d’un État juste.

Il a enfin dénoncé l’incapacité du pays à tirer profit de ses ressources naturelles, dont les retombées, selon lui, ne bénéficient pas à la majorité des Mauritaniens.