Shems Maarif - La croissance économique de la Mauritanie a ralenti en 2024, passant à 5,2 % contre 6,4 % l’année précédente, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Rapportée à la population, cette croissance ne représente que 2,2 % par habitant, contre 3,4 % en 2023.

Cette décélération est attribuée principalement à une baisse de la production dans le secteur extractif, pilier de l’économie nationale, ainsi qu’à une consommation publique plus modérée.

Malgré ce repli, la Banque mondiale note une consolidation continue des fondamentaux macroéconomiques, portée par une politique monétaire rigoureuse, la baisse des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi qu’une gestion budgétaire prudente.

Des perspectives favorables, mais sous conditions

À moyen terme, les prévisions restent globalement positives. Entre 2025 et 2027, la croissance devrait se stabiliser autour d’une moyenne de 4,9 %. Néanmoins, le rapport met en garde contre des risques persistants, liés à l’instabilité des marchés mondiaux et aux vulnérabilités internes du pays.

Face à ces incertitudes, la Banque mondiale appelle la Mauritanie à accélérer sa stratégie de diversification économique, en réduisant sa dépendance aux revenus miniers. Le rapport recommande d’orienter ces ressources vers des secteurs à fort potentiel comme l’agriculture, les services et le numérique, afin de stimuler une croissance plus inclusive.

Réformes sociales : des avancées à renforcer

Sur le plan social, la Banque mondiale salue la transformation engagée par les autorités, avec le passage progressif des subventions généralisées vers des programmes de transferts monétaires ciblés, notamment Tekavoul. Grâce à l’extension du registre social national, désormais opérationnel à l’échelle du pays, le ciblage des ménages vulnérables s’est amélioré.

Cependant, le rapport souligne que l’impact des programmes de protection sociale reste limité par le faible niveau des prestations. Il recommande une hausse progressive et soutenue des montants alloués, ainsi qu’un renforcement du ciblage et du suivi.

Recommandations clés

La Banque mondiale émet plusieurs recommandations prioritaires, parmi lesquelles :

• La mise à jour régulière du registre social ;

• L’ajustement des subventions alimentaires pour mieux répondre aux besoins réels des ménages ;

• Le renforcement de la coordination institutionnelle à travers une plateforme nationale ;

• L’élargissement des programmes d’inclusion économique.

En conclusion, l’institution estime que la Mauritanie dispose des leviers nécessaires pour consolider sa stabilité macroéconomique, à condition de poursuivre les réformes économiques et sociales avec détermination.