04-05-2025 22:57 - Dénaturation du journalisme et ses conséquences sur l’État de droit et la cohésion sociale en Mauritanie

Depuis quelques temps, une banalisation du journalisme est en train de s’opérer. N’importe qui, armé d’un site internet rudimentaire et de relations politiques, peut se prétendre journaliste. Cette prolifération de faux journalistes a plusieurs effets pervers :
Désinformation et perte de crédibilité
La multiplication des sources non vérifiées, des articles basés sur des rumeurs ou des intérêts particuliers brouille la frontière entre information et manipulation. Les citoyens, noyés sous un flux de contenus contradictoires, développent une méfiance généralisée envers les médias.
-Primauté du buzz sur l’investigation: Le journalisme sérieux, fondé sur l’enquête et la vérification, est remplacé par une course aux clics, où le sensationnel prime sur la vérité. Cela affaiblit le rôle de contre-pouvoir des médias et favorise la propagation de fake news.
Autres dérives sans nul doute plus pernicieux, c’est l’Instrumentalisation politique. Certains journalistes deviennent des relais de groupes d’intérêt, transformant l’information en outil de propagande plutôt qu’en bien public.
L’impact sur l’État de droit dévie toute visibilité sur les réalisations et projets du pouvoir en place alimente une mauvaise image sur le plan internationale; en d’autres termes, un journalisme défaillant ou corrompu sape les fondements de l’État de droit.
La dévaluation du métier de journaliste et ses conséquences sur la communication
Consciente de son rôle de contrepoids, dans une démocratie, la presse doit surveiller les abus de pouvoir. Or, lorsque des pseudo-journalistes servent des agendas politiques ou économiques, ils contribuent à l’opacité plutôt qu’à la transparence.
Les tentatives de manipulation de l’opinion publique à travers des articles partisans ou mensongers peuvent influencer des décisions judiciaires ou politiques, créant un climat de défiance envers les institutions.
D’où la nécessité d’une régulation stricte sans étouffer la liberté de la presse. Je suppose que le décret du ministre Hussein Ould Medou visant à revaloriser la carte de presse va dans ce sens. Une régulation est nécessaire, mais elle doit éviter la répression autoritaire. Il ne s’agit pas de museler les vrais journalistes critiques, mais d’écarter ceux qui salissent la profession.
Les critères doivent être transparents, formation, déontologie, indépendance pour ne pas devenir un outil de censure politique.
Le Journalisme : le métier mérite mieux, et la Mauritanie aussi
La dérive des "faux journalistes" n’est pas qu’une question professionnelle : c’est un danger pour la démocratie, la cohésion nationale et la crédibilité de l’information. En Mauritanie, où les défis sociaux et politiques sont importants, une presse rigoureuse, éthique et unificatrice est indispensable.
Sans une purge des éléments nocifs, le quatrième pouvoir risque de devenir un fossoyeur de l’État de droit plutôt que son gardien. Le nettoyage est donc une urgence, à condition qu’il soit juste et équitable.
Par Mamadou Gueye dit MG