04-01-2025 22:13 - Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République du Sénégal à propos des réfugiés mauritaniens

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République du Sénégal à propos des réfugiés mauritaniens

Objet : Situation des réfugiés mauritaniens vivant au Sénégal depuis 1989

Monsieur le Président de la République,

Tout d'abord, permettez-moi de vous adresser mes félicitations les plus sincères pour votre investiture en tant que Président de la République du Sénégal. Mes félicitations vont également à votre Premier Ministre, Monsieur Ousmane Sonko ainsi qu'au peuple sénégalais.

Le peuple sénégalais vous a choisi pour restaurer la dignité de chaque citoyen et pour relever les défis d'une justice équitable, de l'équité des chances et d'un développement basé sur le potentiel humain pour ne citer que ceux ci, entre autres, et nous sommes convaincus de votre aptitude à remporter tous les challenges qui vous attendent.

C’est avec espoir et confiance que nous nous adressons à vous aujourd’hui pour attirer votre attention sur la situation des réfugiés mauritaniens qui vivent au Sénégal depuis 1989 dans un dénouement, une précarité et une détresse qui ne dit pas son nom.

Depuis des décennies, ces compatriotes souffrent dans l’ombre et en silence. Sous le régime précédent, une demande d’audience avait été formulée par l'Association des Réfugiés Mauritaniens vivant au Sénégal, représentée par feu Monsieur Aldiouma Cissekho. Malheureusement, cette demande est restée sans suite. Aujourd’hui, nous osons espérer que votre gouvernement, porteur d’un renouveau, saura écouter ces voix oubliées.

Rappel des faits

En avril 1989, un conflit frontalier entre la Mauritanie et le Sénégal a dégénéré en violences ethniques. En conséquence, près de 60 000 Mauritaniens ont été déportés ou contraints de fuir vers le Sénégal et le Mali. Parmi eux, beaucoup se sont installés dans le long de la vallée du fleuve Sénégal.

Un accord tripartite entre les gouvernements du Sénégal, de la Mauritanie et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a été signé à Nouakchott pour organiser le retour des réfugiés. Cependant, cet accord n’a jamais résolu les problèmes fondamentaux : absence de suivi, logements inadéquats, difficultés d’intégration, accès au foncier, et manque de papiers d’état civil.

Aujourd’hui, des milliers de réfugiés regrettent même leur retour en Mauritanie, où leurs droits restent bafoués. Les promesses de réintégration et de justice faites par les gouvernements successifs n’ont pas été tenues, et le dossier semble abandonné par les autorités mauritaniennes.

Que de rêves brisés, de potentiels étouffés et d'ambitions réduits à néant. Nous sommes cette génération en errance entre les frontières tout simplement parce que notre revendication d'une patrie pourtant si légitime n'est pas jugée prioritaire par la géopolitique.

Nous saluons et adhérons à votre posture patriote et panafricaine, celle là même à laquelle le peuple sénégalais à crû et cautionné et qui défend les droits de ceux laissé pour compte.

Nos attentes

Monsieur le Président, nous vous demandons de bien vouloir :

1. Accorder une audience à l’Association des Réfugiés Mauritaniens pour exposer leurs difficultés.

2. Mettre en place un mécanisme de suivi des accords tripartites pour assurer leur application.

3. Travailler avec vos homologues mauritaniens et le HCR pour une solution définitive respectant la dignité de ces personnes.

En tant que fervent défenseur des droits humains, nous savons que vous comprendrez l’urgence de cette situation. La paix, comme vous l’avez dit, ne se limite pas à l’absence de guerre. Elle implique également la justice sociale et la reconnaissance des droits fondamentaux.

Dans l’espoir que cette lettre retiendra votre attention, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Respectueusement,

Mamoudou Baidy Gaye dit Alia Gaye

Journaliste et militant mauritanien

Amadou Madany Sy refugié mauritanien sans papiers





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Source : Alia Gaye
Commentaires : 2
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Commentaires (2)

  • Guetna (H) 06/01/2025 16:06 X

    Quelle naïveté. Croire que ce gouvernement va régler ou même se pencher sur ce problème. Un état qui n'arrive pas à s'occuper de sa population dans son propre pays va t il s'occuper de ceux hors du pays. Pensez plutôt à la prochaine expulsion des citoyens pour encre mieux partager le gâteau.

  • mystere1 (F) 06/01/2025 12:01 X

    Ce problème, dépasse, à son excellence, Diomaye Faye, c’est ancien, et complexe, ainsi, c’est embarassant, si, nos propres dirigeants mauritaniens, après Maaouya, donc, à ses successeurs de FEU Ely Med Vall, jusqu’à Ghazwani, ne se préoccupent pas de leurs autres concitoyens qui résident, dans le terroir voisin direct du sud-ouest, réfugiés durant les évènements sanglants et inoubliables de l’histoire des 2 pays, alors, quelle sera la position, d’un dirigeant sénégalais ?, et puisque, c’est le règne actuel du président Faye, donc, lui aussi, quelle sera, sa position, et avis, sur nos concitoyens mauritaniens réfugiés, au Sénégal ? C’est embarassant, pour un dirigeant voisin de ce pays, de vouloir, régler, les attentes de soucis de ces mauritaniens du Sénégal, mais, certainement, il y’aura, une suite, à cette demande d’audience, adressée, à Diomaye, et il y’a espoir, quelques parts, qu’il réagira, et répondra, à leurs questions, même s’il ne peut pas régler, ces soucis du passé, qui le dépassent, et qui sont, plus anciens, que lui ! bonne chance, mais en tout cas, ce passif humanitaire, du 88-89, ne sera, jamais, oublié, aussi, bien par, les victimes, que les coupables fautifs meurtriers ! et si, ça ne sera pas, réglé, il y aura des tares dans le futur, des générations, descendantes, de ces victimes de 88-89, la malédiction et le Haq, du prix du sang, coulé, de ces défunts martyrs noirs, ne se refroidiront, jamais, et bouilleront, tout chaud, dans les veines de leurs proches ! et bien sûr, Dieu, Si Patient, Attendra, les coupables, tyrans, meurtriers, et autres diables humains, soit, pour leurs Régler, leurs comptes, ici-bas ; avant leurs morts, sans compter, Qu’Il les Attend, Au Sacré Grand Jour Redoutable !