13-09-2022 20:40 - Entretien avec Dr Soumaré, médecin chef de Boghé

Terroir Journal -
Gaye Demba Soumaré, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, est un ancien élève du célèbre Lycée privée de Nouakchott, ״El Hadj Omar TALL״. C’est là, qu’il a décroché le précieux diplôme de baccalauréat en 2002, série D appelé sciences naturelles.
Après quelques années passées à l’Université de Dakar, il ressort avec le Diplôme de Doctorat d’état en Médecine. De retour au pays, il intègre la fonction publique. Il est affecté en tant que médecin chef à Bababé puis Directeur Général Adjoint de l’hôpital régional d’Akjoujt. Il occupera successivement les postes suivants : Directeur General Adjoint de l’hôpital CHEIKH ZAYED à Nouakchott, expert au PROPEP au ministère de la santé et enfin médecin chef de la moughataa de Boghé.
Il a accepté de répondre à nos questions en dressant le bilan de ses réalisations à Boghé et profité de l’occasion pour annoncer que les maladies cardiovasculaires occupent le premier rang du profil épidémiologique local.
Le Terroir-NGENNDI : vous avez passé une année à Boghé, pouvez vous nous dresser votre bilan accompli au cours de cette période marquée par la pandémie COVID-19 ?
Dr Soumaré : Bismilahi rahmani rahim, merci Jules pour la pertinence de cette question. La pandémie à COVID-19 n’a pas épargné la Moughatataa de Boghé, elle a occupé une place très importante dans le dépistage, le traçage et l’isolement.
Le lendemain de cette 4ème vague, la Moughataa a élaboré tout de suite un plan de riposte qui consiste à sensibiliser la population sur les mesures de prévention vis-à-vis de la de la COVID-19. A savoir : la distanciation physique, le port des masques et éviter les regroupements qui peuvent être à l’origine de la source de contamination. En plus nous avons fait appel à la commission départementale de santé, présidée par le Hakem qui nous a aidé avec le maire à faire une campagne de sensibilisation d’une grande envergure pour que toute la population puisse s’associer sachant que la COVI-19 est une affaire de tous (leaders d’opinion, Imams, maires, parlementaires et autres hautes personnalités), tous se sont jointes à nous pour faire une grande sensibilisation dans le but d’atteindre cet objectif.
Mais la principale arme contre ce COVID-19 a été la vaccination. Et je profite de cette occasion pour saluer la population de Boghé qui a fortement adhérée à cette campagne de vaccination, nous avons enregistrée un taux de couverture vaccinale de 87 %, pour ceux qui ont pris la première dose et 75% pour ceux qui ont pris la deuxième dose pour les diffèrent vaccins concernés. (le vaccin Pfizer, SINOPHARMA, Jonson-Jonson ou le vaccin Astrazenica).
Jusqu’ à présent, on continue de vacciner. Car, vous savez que la COVID-19, c’est un virus dont la disparition demande du temps. La seule arme de protection reste la vaccination. Mis à part la prévention nous avons rehaussé le plateau technique médical du centre hospitalier de Boghé par la mise en place d’oxygène, la création d’une unité d’isolement des malades atteint de COVID 19 qui nous ont permis de gérer les cas les plus graves (les personnes du 3ème âge).
Le Terroir-NGENNDI : Justement, où en êtes-vous avec la santé maternelle et celle de l’enfant pour être plus précis ?
Dr Soumaré :
Pour la santé de la mère de l’enfant, des progrès ont été réalisés. L’on peut noter, le rehaussement du plateau technique de l’hôpital de Boghé, l’affectation d’un gynécologue ou le ravitaillement de la banque de sang par l’organisation des journées de don de sang.
Le mentorat nous a permis d’améliorer la prestation de la sage femme ainsi que la formation des personnels en SONUB (Soins Obstétricale Néonatale de Base).
Au niveau de la première ligne des soins, des actions correctrices ont étés menées à savoir, l’affectation de personnels dans des postes de santé situés dans des localités enclavées, des activités mobiles de la santé de la reproduction qui ont permis de prendre en charge les femmes enceintes et assurer une consultation prénatale (CPN) de qualité.
Et surtout le programme Tahoudati (PROPEP), de son excellence, le président Mohamed Cheikh El Ghazouani qui a permis de prendre en charge la gratuité des évacuations sanitaires, d’assurer la prise en charge gratuite des femmes enceintes. Autant de facteurs qui ont contribué à la réduction de la mortalité maternelle.
De façon générale, notre bilan au cours de cette période a été satisfaisant malgré la difficile pandémie à Covid-19.
Le Terroir-NGENNDI : quelles sont les maladies les plus chroniques à Boghé ?
Dr Soumaré : ces dernières années, on a remarqué que le paludisme a notablement connu un recul. Cependant, on peut noter les maladies métaboliques, l’hypertension artérielle et le diabète qui sont les cas les plus fréquents, ensuite les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires aiguës.
Le Terroir-NGENNDI : qu’en est-il du forfait obstétrical qui avait suscité beaucoup de divergences entre le centre de santé et le centre hospitalier de Boghé ?
Dr Soumaré : il n y’a pas de problème entre le centre de santé et l’hôpital car ce sont deux niveaux de soins complémentaires. Les accouchements eutociques sans complications sont pris en charge au niveau du centre de santé tan disque les accouchements dystociques sont référés au centre hospitalier de Boghé. Toutes les référencées sont transférées vers le centre hospitalier.
Le Terroir-NGENNDI : au début de l’année en cours, le bruit de fermer le centre de santé avait beaucoup circulé avant que l’état ne fasse marche arrière, qu’en est-il selon vous ?
Dr Soumaré : Ce sont des rumeurs, des rumeurs, monsieur Diop (rires). Nous, nous n’avons reçu aucune lettre venant du ministère de la santé faisant état de ce sujet.
Le Terroir-NGENNDI : Quelles sont les mesures prises par le centre de santé pour faire face aux inondations en cours ?
Dr Soumaré : La moughataa de Boghé a enregistré d’importantes quantités de pluies. Mais bien sûr elles ont des conséquences sur le plan sanitaire. S’agissant des conséquences immédiates, certains citoyens ont vu leurs maisons s’effondrer. Hamdoulillahi, il n’y a pas eu de blessés et nous sommes partis les secourir. Situation qui a diminué le seuil de fréquentation du centre de santé car les routes sont devenues impraticables, rendant l’accès au centre beaucoup plus difficile. Nous avons organisé des cliniques mobiles qui vont joindre les populations dans leurs localités. Rapprocher d’avantage les structures de santé de leurs localités si vous me comprenez. Ça été fait, hebdomadairement, nous organisons des sorties mobiles dans lesquelles, il y’a le curatif, l’échographie, la vaccination pouvant bénéficier à la femme enceinte. Il y’a maintenant des conséquences à long terme surtout les maladies liées à l’eau, des cas de diarrhées, de fièvre de la vallée de rift, la dengue. L’émergence des cas de paludisme. Nous avons intensifié la surveillance épidémiologique, suspendu les congés annuels et les permissions.
Le Terroir-NGENNDI : quelle est la situation de la vallée du rift dans la Mougataa ?
Dr Soumaré : c’est une maladie fébrile qui ne répond pas au traitement antibiotique ou antipaludéen et qui est associé à un contact direct avec un animal malade ou mort. L’apparition d’au moins d’un des signes suivants : épuisement, maux de dos, douleurs musculaires ou céphalées, des saignements cutanées, saignements au site de piqûres, saignement de muqueuse ou du nez, saignements gastro-intestinaux. Vu la diversité de ces signes cliniques, devant ces signes d’appels, nous avons réalisé dix prélèvements sanguins qui sont tous revenus négatifs. Donc, pour l’instant, nous n’avons pas notifié des cas de la vallée du rift dans la Moughataa mais c’est une maladie qui reste sous surveillance.
Propos recueillis par Daouda AK DIOP