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Limogeage de deux médecins : Règlement de compte ou sanction motivée ?
LA DÉPÊCHE - C’est une véritable onde de choc que provoque le limogeage par le ministre de la santé du chef du service des urgences et de son superviseur à l’hôpital de l’Amitié à l’occasion d’une inspection de routine.
La décision marque l’ouverture d’une crise sans précédent entre le nouveau ministre de la Santé, Mohamed Mahmoud Ould Ehel Mahmoud, et ses anciens collègues du corps médical. À peine installé, le ministre fait face à une contestation virulente qui met en doute les véritables motivations de cette décision expéditive.
Le Syndicat des médecins spécialistes a dénoncé, dans un communiqué publié mercredi, une mesure « soudaine et arbitraire » qui jetterait une ombre sur les relations entre le ministre et les médecins qu’il supervisait autrefois comme confrère.
Pour la corporation, il est difficile de dissocier cette sanction de la personnalité des responsables visés, en particulier celle du docteur Mohamed Lemine Ould Ahmedou, spécialiste en médecine interne, reconnu pour son sens du devoir et son engagement indéfectible.
Le syndicat rappelle que ce dernier avait réaménagé son propre bureau en salle d’hospitalisation afin de faire face à l’afflux massif de patients dû à la propagation de la dengue — un exemple, selon eux, de son dévouement plutôt que d’une quelconque négligence.
Le superviseur du service, également évincé, n’aurait pour sa part commis aucune faute : il était présent lors de la visite inopinée du ministre, comme l’a attesté le médecin de garde. Dès lors, le syndicat s’interroge sur les motivations de la décision ministérielle : assiste-t-on à une sanction fondée sur des manquements avérés, ou à un règlement de comptes interne désormais permis par l’ascension d’un ancien collègue à un poste d’autorité ?
L’organisation syndicale pointe également la responsabilité de la direction de l’hôpital de l’Amitié, accusée de n’avoir fourni ni explications ni contexte sur les conditions de travail particulièrement difficiles des urgences, aggravées par l’épidémie. En omettant de défendre ses cadres, la direction aurait facilité une décision jugée disproportionnée et injustifiée.
Face à ce qu’elle considère comme une atteinte grave à l’intégrité professionnelle de deux praticiens respectés, la corporation exige leur réhabilitation immédiate. Elle appelle la direction à assumer les conséquences d’une mesure qui, au-delà des individus, inaugure un climat de défiance entre le ministre et les médecins — un début de mandat placé sous le sceau du conflit plutôt que de la concertation.