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À Nouakchott-Nord, un enfant de 11 ans jugé pour vol : un drame social à huis clos
Shems Maarif -- Le tribunal de Nouakchott-Nord a été, cette semaine, le théâtre d’une scène poignante et inhabituelle. Un enfant, pieds nus et vêtu de haillons, à peine âgé de onze ans selon ses propres déclarations — il dit être né en 2013 — a comparu devant le juge. Son apparence frêle et son regard perdu ont immédiatement attiré l’attention dans la salle d’audience.
Le magistrat lui demande son nom et son âge, avant de l’informer de l’accusation portée contre lui : le vol de quatre climatiseurs. L’enfant reconnaît aussitôt les faits. Interrogé sur la suite donnée aux appareils volés, il explique les avoir remis à un complice bien plus âgé que lui, lequel les aurait ensuite vendus. À la question de savoir s’il avait reçu sa part de l’argent, il répond simplement : « Oui. »
Le juge s’enquiert alors de la présence d’un accompagnateur. L’enfant baisse les yeux : « Personne n’est venu avec moi. »
« Même pas ta mère ? » insiste le magistrat.
La réponse tombe, lourde : « Ma mère est en prison… par ma faute. »
Après délibération, le tribunal a rendu son verdict : n’ayant aucune famille capable d’assurer sa prise en charge et son éducation, l’enfant doit être placé au centre destiné aux mineurs en conflit avec la loi.
L’affaire soulève de graves questions sur la protection de l’enfance, la vulnérabilité des mineurs livrés à eux-mêmes et les défaillances sociales qui les entraînent dans la délinquance avant même l’adolescence.
Un drame silencieux qui, ce jour-là, s’est invité dans la salle d’audience.