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02-07-2025

19:17

Le Fonds de Garantie de Mauritanie : un levier pour le financement des PME mais…

La Dépêche - 70 % des sociétés enregistrées en Mauritanie seraient des PME. Elles forment le pilier de l’économie mauritanienne (création d’emplois, diversification de l’économie et sa stabilisation). Pourtant, leur développement reste freiné par un obstacle majeur : l’accès au crédit bancaire.

Dans la tradition mauritanienne, les banques ne prêtent qu’aux riches. Ils sont censés être solvables. Le financement des petites et moyennes entreprises (PME) n’est pas forcément leur activité de prédilection. De plus, les intérêts appliqués sont souvent décourageants pour les souscripteurs eux-mêmes.

C’est donc fort du constat des obstacles qui se dressent devant les PME pour un accès au financement auprès de banques primaires que l’État mauritanien a mis en place, en janvier 2017, pour contourner cette réalité, un dispositif stratégique : le Fonds de Garantie de la Mauritanie (FGM).

Créé sous forme de société anonyme au capital initial de 400 millions MRU, ce fonds ambitionne de dynamiser le tissu entrepreneurial tout en renforçant la stabilité du système financier.

Comment ? Il fournit les orientations juridiques nécessaires, l’étude de faisabilité financière et offre la garantie escomptée par les banques primaires. Le FGM tente ainsi de créer des synergies entre les acteurs. Il jette des ponts solides pour rasséréner tout le monde. Les financements idoines pour les PME sont générés grâce aux garanties requises. Il fonctionne donc comme le tiers garant, permettant ainsi aux établissements financiers « d’élargir leur portefeuille de prêts sans accroître le risque » qui y est lié.

Dans ce processus, le FGM s’est fixé des objectifs bien clairs. A ce stade, en attendant, peut-être, une future évaluation ou un état des lieux, il vise deux objectifs principaux. Primo : émettre des garanties au profit des banques pour encourager l’octroi de crédits aux PME, en particulier celles dirigées par de jeunes entrepreneurs, hommes et femmes. Secundo : renforcer les capacités des porteurs de projets, notamment à travers des formations en gestion financière, comptabilité et création d’entreprise.

Au-delà du simple soutien financier, le FGM se positionne aussi comme une pierre angulaire d’un écosystème entrepreneurial plus structuré et plus stable.

La réussite du FGM est donc un enjeu stratégique pour l’économie mauritanienne. Mais elle ne dépendra pas seulement de son volume d’activités. Il sera aussi question de la qualité des projets accompagnés, de la pédagogie financière apportée aux entrepreneurs, et de la capacité des banques à assouplir leurs pratiques à l’égard des petites structures.

Dans cet échafaudage, il faut indubitablement trancher le nœud gordien que constituera toujours l’accès aux financements. Or, beaucoup de banques primaires de la place bénéficient déjà d’investissements étrangers pour booster les PME localement notamment les entreprises de jeunes et des femmes. Le FGM devrait donc être le réceptacle –ou au moins directement associé- à la gestion des investissements développement alloués aux banques primaires parmi les IDE.

Dans ces conditions, il pourrait bien servir de catalyseur pour renforcer le tissu économique productif local et pour attirer davantage d’investissements. Mais à condition que ses mécanismes soient bien encadrés, suivis et ajustés au fil du temps. L’efficacité du FGM dépendra aussi largement de résultats mesurables. C’est pourquoi des questions continuent de se bousculer quant au nombre de ses bénéficiaires, au taux de couverture sectorielle des garanties, au nombre d’emplois créés (jeunes/femmes) mais aussi quant aux défaillances à corriger.

Aux contraintes inhérentes à l’économie locale, il faut aussi faire remarquer que “les PME mauritaniennes souffrent d’un déficit en matière de normes et de certifications, limitant leur accès aux marchés internationaux, notamment africains, et leur capacité à tirer parti des accords dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)” (note conceptuelle, programme d’appui aux PME en Mauritanie, commission économique pour l’Afrique).





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