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«Un crime de guerre» : l’ONU accuse Israël d’utiliser la nourriture à des fins militaires à Gaza
Libération -
Les Nations Unies ont appelé ce mardi 24 juin Israël à «cesser de tirer sur les personnes qui tentent d’obtenir de la nourriture» dans la bande de Gaza, alors que les frappes meurtrières contre des centres de distribution d’aide s’accumulent.
«Les personnes désespérées et affamées de Gaza continuent d’être confrontées au choix inhumain de mourir de faim ou de risquer d’être tuées en essayant d’obtenir de la nourriture.»
Dans des notes transmises aux journalistes en amont d’une conférence de presse, ce mardi 24 juin, le bureau des droits de l’Homme de l’Organisation des nations unies (ONU) a réitéré ses critiques virulentes contre le mécanisme de distribution d’aide alimentaire introduit par Israël dans la bande de Gaza le 26 mai.
Après plus de deux mois de blocus total de l’approvisionnement humanitaire de l’enclave. L’aide est désormais fournie par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une initiative au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. Les Nations unies et les principales ONG ont refusé de coopérer avec cette organisation, notamment parce qu’ils redoutaient qu’elle ne soit conçue pour répondre aux objectifs militaires israéliens et qu’elle ne mette encore davantage en danger la vie des Palestiniens.
Au moins 450 personnes ont été tuées depuis fin mai et l’entrée en vigueur du nouveau système en tentant d’atteindre des points de distribution d’aide de la GHF, selon le ministère de la Santé du Hamas. Ce mardi encore, les autorités gazaouies ont annoncé que l’armée israélienne avait visé «des rassemblements de citoyens attendant de l’aide» à proximité du couloir de Netzarim. Au moins 29 personnes seraient mortes, et plus de 150 blessées.
«L’utilisation de la nourriture à des fins militaires, faite à l’encontre des civils, non seulement restreint ou empêche leur accès à des services vitaux, mais aussi constitue un crime de guerre», dénoncent les Nations Unies.
Selon Thameen Al-Kheetan, le porte-parole du bureau des droits de l’homme, le système de distribution de l’aide soutenu par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou «met en danger les civils et contribue à la situation humanitaire catastrophique à Gaza». «L’armée israélienne doit cesser de tirer sur les personnes qui tentent d’obtenir de la nourriture», a-t-il insisté.
«Abomination»
Au même moment, ce mardi, le responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, attaquait lors d’une conférence de presse à Berlin «le soi-disant mécanisme d’aide récemment créé», une «abomination qui humilie et dégrade les personnes désespérées». «C’est un piège mortel, coûtant plus de vies qu’il n’en sauve», poursuivait-il.
Quinze organisations de défense des droits humains, comme la Fédération internationale des droits humains (FIDH), avaient aussi dénoncé la veille un système «déshumanisant et meurtrier».
Dans une lettre ouverte, elles avaient appelé la GHF à «cesser ses opérations», faute de quoi elles pourraient être exposées à «des responsabilités criminelles et civiles pour complicité de crimes en vertu du droit international, y compris crimes de guerre, crimes contre l’humanité, ou génocide». Au mois de mai, les Nations Unies avaient déclaré que «100 % de la population» gazaouie était «menacée par la famine».
Par LIBERATION et AFP