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Appel à la classe politique mauritanienne : le dialogue national, un impératif patriotique
« Ce ne sont pas les échecs que l’histoire condamne, mais l’inaction des
responsables. » Cette maxime résonne avec acuité dans le contexte actuel de la
Mauritanie.
À un moment charnière de son histoire, notre pays est invité à prendre de la
hauteur pour bâtir, ensemble, un avenir plus stable, plus juste et plus solidaire.
Le gouvernement a exprimé sa volonté d’ouvrir un dialogue national inclusif. Il ne s’agit pas
d’un geste de circonstance, mais d’une démarche préventive et lucide.
Car si la Mauritanie
reste un pays en paix, elle n’est pas épargnée par les tensions latentes qui fragilisent sa
cohésion : inégalités sociales, défis sécuritaires régionaux, déséquilibres territoriaux, et
mémoires encore douloureuses.
Un contexte qui appelle à l’unité
Loin d’une simple formalité politique, le dialogue national est une occasion précieuse de
poser les bases d’un contrat social renouvelé. Les désaccords sont légitimes dans toute
démocratie vivante. Mais c’est précisément à travers l’échange, l’écoute mutuelle et la
confrontation respectueuse des idées que peut émerger une vision commune.
L’histoire récente de plusieurs pays de la région nous enseigne une chose : le refus du
dialogue n’apaise rien, il accentue les divisions. À l’inverse, les nations qui ont su se
rassembler autour de leurs enjeux fondamentaux, dans la transparence et l’inclusion, ont
souvent pu surmonter leurs crises et engager des réformes durables.
La classe politique et les forces vives : coresponsables de l’avenir
Il revient à la classe politique, toutes sensibilités confondues, de se hisser à la hauteur de
ce moment historique. Participer au dialogue ne signifie pas renoncer à ses convictions.
C’est, au contraire, affirmer une volonté sincère de surpasser les clivages politiques pour
contribuer au devenir du pays.
Les réserves exprimées par certains partis ou mouvements sont compréhensibles :
méfiance liée à l’histoire des dialogues passés, crainte d’une récupération politique, doute
sur le déroulement du processus. Ces préoccupations doivent être entendues et traitées
avec sérieux.
C’est pourquoi la désignation d’une personnalité nationale de consensus, respectée pour
son impartialité et sa vision de l’intérêt général, pourrait être un gage fort de crédibilité et
de confiance. Cette figure nationale aurait pour mission de garantir l’équilibre des débats,
d’assurer l’écoute de toutes les voix, et de veiller à ce que les conclusions du dialogue
soient effectivement traduites en actions concrètes.
Un dialogue pour tous, pas pour quelques-uns
Pour réussir, le dialogue national doit dépasser le cercle restreint des partis politiques. Il
doit inclure toutes les forces vives : société civile, leaders d’opinion, représentants des
jeunes, des femmes, et des communautés de la diaspora. C’est à cette condition que le
processus pourra accoucher de propositions audacieuses et légitimes, en phase avec les
aspirations profondes du peuple.
Les grands axes du dialogue devront porter sur des sujets essentiels :
• La consolidation de l’unité nationale,
• La justice sociale et la répartition équitable des richesses,
• L’éducation et l’emploi des jeunes,
• La gouvernance, la lutte contre la corruption et l’efficacité des institutions.
L’heure est à l’action responsable
La stabilité de la Mauritanie repose avant tout sur la capacité de ses propres acteurs à faire
preuve de maturité politique et de sens du devoir. Le succès du dialogue national ne
dépend ni d’injonctions extérieures, ni de calculs partisans, mais d’une volonté
authentique de servir l’intérêt général.
Il ne s’agit ni de rejouer les erreurs du passé, ni de faire semblant d’avancer. Il s’agit de
construire, avec lucidité et courage, une plateforme durable de confiance et de
collaboration. Car seule une action collective, fondée sur l’écoute et le respect des
divergences, permettra de jeter les bases d’un avenir commun.
Conclusion : choisir le sursaut collectif
Le dialogue national n’est pas un luxe ni une diversion. C’est un acte de responsabilité
partagée. C’est l’occasion de tracer une voie commune, fondée sur l’écoute, le respect et
l’engagement.
La Mauritanie mérite mieux que la défiance mutuelle et les replis identitaires. Elle mérite
un dialogue sincère, équitable et tourné vers l’avenir.
En acceptant de s’asseoir ensemble autour de la même table, les acteurs politiques et
sociaux peuvent entrer dans l’histoire comme des artisans de l’unité nationale – et non
comme ceux qui auront manqué un rendez-vous décisif avec l’avenir.